Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 1.pdf/435

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tout à craindre de sa colère, je me suis retenu de for- mer ce troisième voeu ; c’est maintenant, ô mon père, qu’il faut accomplir ta promesse. Tu hésites ? pourquoi ce silence qui règne encore sur tes ondes ? Déchaîne les vents, et que leur souffle, amassant de sombres nua— ges, répande partout la nuit et nous dérobe la vue du ciel et du jour. Épanche tous tes flots, fais monter tous les monstres de la mer, et soulève les vagues qui dor- ment au sein de tes plus profonds abîmes.


Scène IV.

LE CHŒUR.

O Nature, puissante mère des dieux immortels, et. toi souverain maître de l’Olympe, qui fais tourner d’un mouvement rapide les astres nombreux qui brillent à la voûte étoilée, qui pr’esses leur marche vagabonde, et les forces. d’accomplir leurs révolutions, pourquoi ce soin que tu prends de maintenir l’éternelle harmonie du monde céleste ? Nos bois, dépouillés de leur feuillage par les neiges glacées de l’hiver, reprennent au printemps leur verdure ; aux rayons brûlans du soleil d’été qui mûrit les dons de Cérès, succède une. saison plus douce. Mais toi, qui présides à cet ordre admirable, et qui règles ce mouvement prodigieux des corps célestes, ou ne sent plus ta présence dans le gouvernement des choses humaines. On ne te voit point récompenser les vertus et punir les crimes. C’est l’aveugle fortune qui