Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 1.pdf/489

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Que le fer désormais ne serve plus au monde
Qu’à couper de Cérès la chevelure blonde ;
Qu’une éternelle paix règne entre les mortels ;
Qu’on ne verse du sang que dessus les autels ;
Que la mer soit sans flots que jamais vent n’excite
Contre l’art des nochers le courroux d’Amphitrite ;
Et que le foudre enfin demeure, après mes faits,
Dans les mains de mon père un inutile faix.

(Rotrou, Hercule mourant, acte iii, sc. 1.)

Quoi qu’en dise un critique, nous trouvons cette pièce parfaitement belle, et nullement entachée du défaut ordinaire de notre poète. La grandeur des pensées et la pompe des expressions s’expliquent par la dignité du personnage. Il y a surtout beaucoup d’art au poète à mettre de telles paroles dans sa bouche, au moment même où son esprit se perd et sa raison s’égare.

Page 95. Les géans furieux se dressent tous en armes. Rotrou a encore imité ce passage dans son Hercule mourant :

La Thessalie encor peut fournir des Titans
Capables d’étonner tes plus fiers habitans ;
De nouveaux Géryons et de nouveaux Typhées
Peuvent à tes dépens s’acquérir des trophées ;
Encelade fendra ce pénible fardeau
Qui lui servit d’échelle et, depuis, de tombeau.

(Acte iii, sc. 2.)

Page 97. Il me faut combattre Mycènes. C’est-à-dire qu’il doit se venger promptement de la longue tyrannie d’Eurysthée, roi de Mycènes.

O crime affreux ! spectacle horrible et déchirant ! Le meurtre des enfans d’Hercule, par leur père, se passe sur la scène ; dans Euripide, au contraire, il est en récit. Le génie romain pouvait s’accommoder sans doute d’un pareil spectacle, mais il eût blessé la délicatesse des Grecs.

Page 99 La cervelle a jailli contre les murailles. On peut tout dire à des gens qui peuvent tout entendre. Les Romains ne crai-