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l’image de Dieu, père de toutes choses, ηαγγενέταο θεού. Orphée va plus loin, dans son hymne au Soleil ; il l’appelle άθάνατον, Jupiter immortel. Plutarque, Questions romaines, LXXVII, dit qu’il ne faut pas croire que le soleil et la lune ne sont que des représentations, des images de Jupiter et de Junon, mais que le soleil est réellement, ένύλη, Jupiter, et la lune aussi réellement Junon.

Page 215. Que l’informe chaos ne revienne envelopper les hommes et les dieux. Les anciens croyaient que le monde avait été fait et non créé. Sous ce rapport, il ne faudrait que substituer le mot fecit, admis dans quelques bibles, même catholiques, au mot creavit de la Vulgate, pour mettre leur théogonie d’accord avec la Genèse. L’informe chaos, masse indigeste et confuse, rappelle très-bien ce que dit Moïse : « Que la terre était sans forme et toute nue. »

Unus erat toto naturæ vultus in orbe.

Une remarque essentielle c’est que les dieux des païens pouvaient rentrer aussi dans le chaos, d’où par conséquent ils étaient sortis, ce qu’on ne peut admettre du dieu chrétien, du Jéhovah des Juifs, qui est l’être éternel, nécessaire, immuable. Ainsi, les divinités païennes n’étaient que des puissances purement secondaires, des personnifications de forces finies et susceptibles de changement.

Page 217. Notre vie a été marquée pour la fin des siècles. Ces réflexions sans doute se rapportent parfaitement à la circonstance, mais il est permis aussi d’y voir l’expression de cette grande et solennelle tristesse qui tourmentait les esprits graves et élevés sous le règne des Césars. Il y avait, ce nous semble, plus qu’une inspiration d’artiste dans l’homme qui a écrit les derniers vers de ce chœur.

ACTE V, page 221. Ce n’est pas de ses souffrances que je veux être le témoin, mais de leur commencement. Le texte dit, mot à mot : Je ne veux pas le voir malheureux, mais pendant qu’il le devient ; c’est-à-dire qu’Atrée vent voir sur son frère le premier effet de la douleur.