Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 1.pdf/538

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Page 413. Est-ce donc là tout ce qui reste de cette beauté merveilleuse ?

· · · · · · · · · · Ce héros expiré,
N’a laissé dans mes bras qu’un corps défiguré :
Triste objet où des dieux triomphe la colère,
Et que méconnaîtrait l’œil même de son père.

(RACINE, Phèdre, acte V, sc. 6.)

ACTE V. Page 419. Hippolyte, est-ce ainsi que je te revois ? Ce discours de Phèdre est bien différent de celui que lui prête Racine dans la même circonstance. Nous en avons déjà dit la cause. La Phèdre française est dévorée du même amour que celle de Sénèque, mais il y a seize siècles de l’une à l’autre et le souffle de la morale chrétienne. La Phèdre ancienne éprouve aussi des remords, mais ils ressemblent plus à la douleur d’une amante qu’au repentir d’une femme coupable qui veut mourir pour expier, non-seulement les conséquences de son amour, mais encore son amour même.

Page 429. Ô destinée fatale ô cruelle bonté des dieux !

Ô mon fils, cher espoir que je suis ravi !
Inexorables dieux qui m’avez trop servi !
À quels mortels regrets ma vie est réservée !

(Ibid.)

Livrons d’abord aux flammes ce que nous avons de lui, en attendant le reste. Nous ne savons pas quelle pouvait être la mise en scène de ce que Thésée vient de dire jusqu’ici dans cet inventaire des membres ou plutôt des chairs de son fils. C’est ce que nous appellerions presser l’horreur pour en faire sortir le dégoût. La délicatesse des Grecs n’eut point permis un pareil spectacle. On a conservé le titre d’une tragédie d’Euripide, Ἱππόλυτος καλυπτόμενος, dans laquelle le corps d’Hippolyte était apporté sur le théâtre, mais voilé, comme le titre l’indique.

FIN DU TOME PREMIER