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ACTE SECOND.





Scène I.

MÉGARE.

Puissant maître de l’Olympe, et roi du monde, mets enfin un terme à mes cruelles disgrâces, une borne à mes malheurs ! Jamais un jour tranquille ne s’est levé sur moi. La fin d’un malheur n’est pour moi que le commencement d’un autre. À peine mon époux revient-il vainqueur d’un ennemi, qu’un ennemi nouveau se lève ; avant qu’il ait pu toucher le seuil de sa maison, joyeuse de son retour, il reçoit l’ordre de marcher à d’autres combats. Point de relâche pour lui, point de repos que le temps nécessaire pour lui imposer de nouveaux périls. La colère de Junon le poursuit dès le berceau ; son enfance même ne fut pas à l’abri de cette persécution ; il a vaincu les monstres avant de les pouvoir connaître. Deux serpents dressaient contre lui leurs crètes menaçantes ; Hercule enfant s’est traîné à leur rencontre ; il a soutenu d’un œil calme et serein les regards enflammés de ces reptiles ; leurs nœuds, étroitement serrés autour de son corps, n’ont fait monter aucun trouble à son visage ; il a pressé de ses tendres mains leurs terribles anneaux, et préludé par cette victoire à ses combats