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ACTE CINQUIÈME.


Scène I.

UN ENVOYÉ.

A peine OEdipe s’est-il vu dans l’accomplissement des oracles prononcés contre lui ; à peine a-t-il re- connu l’affreux mystère de sa naissance, et acquis la conviction de ses crimes, qu’il s’est avancé furieux vers son palais, et en a franchi précipitamment le seuil ah- horré. Le lion (l’Afrique est moins terrible quand sa rage l’emporte à travers les campagnes, et que sa cri— nière fauve s’agite sur son front menaçant. Son visage est sombre et effrayant, ses yeux hagards ; de sourds gémissemens et de profonds soupirs s’échappent de sa poitrine ; une sueur glacée ruissèle de tous ses mem- bres : il écume ; il éclate en cris effroyables, et la dou- leur bouillonne en son sein comme un flot comprimé ; sa colère, tournée contre lui-même, prépare je ne sais quelle résolution funeste comme sa destinée. «Pourquoi différer mon châtiment ? s’écrie-t-il... Du fer pour percer, mon sein coupable, du feu, (les pierres pour terminer ma viel Quel tigre, ou quel vautour cruel fondra sur moi pour déchirer nies entrailles ? Et toi, repaire de