Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 2.pdf/113

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dans ma gorge prête à le recevoir ? Tu ne sais pas choi- sir la place, ô ma main , frappe ces flancs coupables qui ont porté tout ensemble un époux et un fils.

LE CHŒUR.

Elle expire. Sa main meurt sur la blessure ; et le sang qui s’en échappe avec violence, repousse le fer.

ŒDIPE.

Dieu des oracles ! toi qui présides à la vérité, c’est à toi que j’en appelle ici. Tes prédictions ne m’avaient an- noncé,un le meurtre d’un père ; et voilà que, doublement parricide, et plus coupable que je ne craignais de le de- venir, j’ai tué aussi ma mère ; car c’est mon crime qui a causé sa mort. Apollon, dieu menteur, j’ai dépassé la mesure de mon affreuse destinée.

Maintenant, malheureux OEdipel va, suis d’un pas ' tremblant des voies ténébreuses, en posant sur la terre des pieds incertains et mal assurés. Cherche ta route avec la main dans la sombre nuit qui t’environne ; toujours prêt à tomber, sur un sol qui se dérobe sous toi, fuis , marchel... mais, arrête, tu vas rencontrer ta mère.

Vous que la maladie accable , et qui n’avez plus qu’un léger souffle de vie, relevez vos têtes mourantes , je pars, je m’exile : un air plus pur viendra sur vous dès que j’aurai quitté ces lieux. Que celui dont l’âme est prête à s’exbaler, respire librement et se ranime. Allez, portez secours à ceux dont la vie est déjà désespérée. J’emporte avec moi tous les principes destructeurs qui désolant ce pays. Mort cruelle, effroi qu’inspire un mal terrible, maigreur, fléau dévorant, douleur insupportable, venez tous avec moi, je ne veux pas d’autres guides que vous.