Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 2.pdf/269

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Bouvier. Zéphyre et Borée n’avaient pas encore de nom.

Tiphys le premier osa déployer des voiles sur le grand abîme, et dicter aux vents de nouvelles lois. Il sut tantôt les ouvrir tout entières, tantôt les étendre au pied du mât pour recevoir le vent de côté ; abaisser prudemment les antennes à moitié du mal, ou les élever jusqu’à son sommet lorsque l’ardeur des matelots appelle toute la force des vents, et que la banderole de pourpre s’agite vivement au haut du navire.

Nos pères vivaient dans des siècles d’innocence et de pureté. Chacun alors demeurait tranquille sur le rivage qui l’avait vu naître, et vieillissait sur la terre de ses aïeux, riche de peu, ne connaissant de trésors que ceux du pays natal.

Le vaisseau de Thessalie rapprocha les mondes que la nature avait sagement séparés, soumit la mer au mouvement des raines, et joignit à nos misères les périls d’un élément étranger. Ce malheureux navire paya chèrement son audace par cette longue suite de dangers qu’il lui fallut courir, entre les deux montagnes qui ferment rentrée de l’Euxin, et qui se heurtaient l’une contre