Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 2.pdf/285

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ces richesses que les Scythes vont ravir si loin, et rapportent des brûlantes plaines de l’Inde, de ces amas d’or, si considérables que nos palais ne peuvent les contenir, et que nous en faisons l’ornement de nos bois, je n’en ai rien emporté dans ma fuite, rien que les membres de mon frère ; encore était-ce pour toi. Ma patrie, mon père, mon frère, ma pudeur, je t’ai tout sacrifié : ce fut ma dot ; rends-moi tous ces biens puisque tu me renvoies.

Jason

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Créon, dans sa colère, voulait vous ôter la vie ; mes larmes l’ont apaisé, il borne sa vengeance à un ordre d’exil.

Médée

Je regardais l’exil comme un châtiment ; il me faut, à ce que je vois, le recevoir comme une faveur.

Jason

Tandis que vous le pouvez encore, fuyez, sauvez-vous de ces lieux. Les rois sont terribles dans leur colère.

Médée

Ce que tu me conseilles, c’est pour Creuse que tu penses l’obtenir. Tu veux l’affranchir d’une rivale odieuse.

Jason

Médée me reproche mes amours ?

Médée

Oui, et tes meurtres, et tes perfidies.

Jason

Mais de quels crimes enfin pouvez-vous m’accuser ?

Médée

De tous ceux que j’ai commis.