Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 2.pdf/301

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Ancée a péri sous la dent cruelle d’un sanglier ; tes mains impies, ô Méléagre, ont détruit les frères de ta mère qui a vengé leur mort par la tienne. Tous ces héros, du moins, avaient mérité leur sort ; mais quel crime avait commis le tendre enfant que le grand Hercule n’a pu retrouver, et qui périt, hélas ! entraîné dans le cours d’une eau tranquille ? Allez donc maintenant, héros magnanimes, braver la mer, quand une simple fontaine vous offre tant de périls !

Idmon était savant dans la science de l’avenir, toutefois un serpent l’a dévoré, dans les sables de Libye. Mopsus, qui a fait ces prédictions véritables à tous ses compagnons, a seul démenti ses propres oracles ; il est mort loin de Thèbes. S’il faut en croire ses prophétiques récits, l’époux de Thétis a mené dans l’exil une vie errante et misérable. Nauplius, qui doit allumer des feux trompeurs, pour se venger des Grecs, se précipitera lui-même au fond des mers. Le fils d’Oïlée a péri, frappé de la foudre et noyé dans les flots, en expiation des crimes de son pore. Alceste, se sacrifiant pour son époux, meurt pour racheter les jours du roi de Thessalie. Enfin celui même qui ordonna de rapporter, sur le premier navire, les dépouilles de l’Asie, et la riche toison du bélier de Phryxus, Pélias a été plongé dans une chaudière bouillante, et son corps, mis en pièces, a été consumé dans cet espace étroit et brûlant. Dieux puissants ! vous avez assez vengé la mer, épargnez Jason, qui n’a pris part que malgré lui à cette entreprise !