Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 2.pdf/305

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

trois dards de sa langue, et cherche des yeux la proie qu’il doit dévorer ; mais les paroles magiques le troublent, il replie ses anneaux, et ramène tout son corps en spirales. « C’est peu de chose, dit Médée, que ces monstres nés dans les parties basses de la terre : c’est au ciel même qu’il faut demander ses poisons. Le temps est venu de m’élever au dessus des enchantements vulgaires ; il faut qu’à ma voix descende le serpent monstrueux qui s’étend comme un vaste fleuve dans l’étendue du ciel, et presse dans ses nœuds immenses les deux monstres, dont le plus grand favorise les Grecs, et le plus petit les Tyriens. Le Serpentaire ouvrira ses bras qui enchaînent l’immense reptile, et le forcera d’épancher ses poisons. Je veux aussi, par mes enchantements, attirer Python, qui osa combattre contre deux divinités ; je veux avoir en ma puissance l’hydre de Lerne, avec toutes ses têtes hideuses qui renaissaient toujours sous le bras victorieux d’Alcide. Et toi aussi, viens, dragon vigilant de Colchos, qui t’endormis pour la première fois à mes accents magiques. »

Après avoir évoqué tous ces monstres, elle mêle ensemble les herbes funestes qui naissent sur les sommets inaccessibles de l’Eryx et parmi les éternels frimas du Caucase, arrosé du sang de Prométhée ; et celles qui servent à empoisonner les flèches des guerriers de l’Arabie Heureuse, des archers mèdes ou des Parthes légers ; et celles que, sous un ciel glacé, les Suèves recueillent dans la célèbre forêt Hercynienne. Tous les poisons que la terre produit au printemps de l’année quand les oiseaux font leurs nids, ceux qu’elle