Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 2.pdf/33

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

jouira pas long—temps du fruit de son crime ; il se fera la guerre à lui—même, et lèguera la guerre à ses enfans, tristes rejetons d’un fils rentré dans le sein de sa mère. n

ŒDIPE.

La vengeance que les dieux m’ordonnent d’exercer aujourd’hui aurait dû suivre immédiatement la mort de Laïus, pour mettre la sainte majesté du trône à l’abri de pareils attentats. C’est aux rois surtout qu’il appar-- tient de défendre et de venger les rois. Le sujet ne s’in— téresse guère à la mort du maître qu’il craignait pendant sa vie.

CRÉON.

La terreur qui nous assiégeait alors ne nous permit pas de punir le meurtrier.

ŒDIPE.

Quelle crainte a pu vous empêcher d’accomplir ce pieux devoir ?

CRÉON.

Celle du Sphynx et de son énigme funeste.

ŒDIPE.

Aujourd’hui le ciel parle, il faut expier ce crime. Vous tous , dieux, qui abaissez sur ce monde des regards fa- vorables , puissant maître de l’Olympe, et toi le plus bel ornement de la voûte céleste, soleil, qui parcours sue- cessivement les douze stations de ta route, entraînant après toi dans ta course rapide les tardives générations des siècles ; et toi, Phébé, pâle voyageuse des nuits , qui toujours marches à la rencontre de ton frère ; roi des vents, qui conduis ton char azuré sur les mers proton-— des ; et toi aussi, dominateur du sombre empire, écoutez