Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 2.pdf/35

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ma prière : u Puisse l’assassin de Laius ne trouver sur la terre ni repos, ni asile, ni demeure hospitalière ! Que son hymen soit infâme , ses enfans dénaturésl qu’il devienne le meurtrier de son propre pèrel qu’il commette enfin, et c’est la plus terrible impréeation que je puisse former contre lui, qu’il commette tous les crimes que j’ai eu le bonheur d’éviterl Pour lui, point de pardon, j’en jure par le sceptre que je porte ici comme étranger, par le sceptre auquel j’ai renoncé dans ma patrie ; j’en jure par mes dieux domestiques, et. par toi, Neptune , père de toutes choses, dont les flots baignent mollement les deux rives de ma terre natale. Je te prends aussi à té- moin de mes sermens , dieu des oracles, qui mets l’ave- nir sur les lèvres de la prêtresse de Cyrrha. Puisse mon père , toujours tranquille et heureux sur le trône, n’ar— river à sa dernière heure qu’après la plus douce vieil— lessel puisse ma mère .ne connaître jamais d’autre époux que Polybe, comme il est vrai que le meurtrier de Laïus ne trouvera jamais grâce devant mes yeux. n Mais dites- inoi dans quel lieu ce crime abominable a été commis. Est-ce dans un combat que Laïus a perdu la vie, ou dans une embuscade ?

CRÉON.

Laïus était parti pour se rendre au bois épais qu’ar- rose la fontaine de Castalie ; il eut à traverser un sentier étroit et hérissé d’épines, à l’endroit où le chemin se partage en trois routes. L’une conduit aux vignes l’é- condes de la Phocidc, au dessus desquelles s’élèvent, par une pente insensible, les deux cimes du Parnasse ; une autre mène à la ville de Sisyphe , bâtie entre deux