Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 2.pdf/51

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Thébain , se mêler aux filles de Cadmus. Embrasées de ton feu divin, elles accourent échevelées, brandissant leurs thyrses redoutables , et ce n’est qu’après avoir mis en pièces le corps de Penthée, que, leur fureur venant à se calmer, les Thyades reconnaissent leur crime.

La sœur de ta mère, ô Bacchus, règne sur les mers profondes ; la belle Ino, fille de Cadmus, tient sa cour au milieu des blanches Néréides. Son fils, reçu dans les flots , les soumet à son empire ; c’est Palémon , dieu puis- sant et parent de notre dieu.

Quand des pirates de la mer Tyrrhénienne t’enlevè- rent, Neptune enchaîna ses flots, et changea la mer en une riante prairie. Là s’élevaient le platane au vert feuil- lage , et le laurier chéri d’Apollon ; les oiseaux chantaient dans l’épaisseur des bois. Les rames étaient devenues des arbres que le lierre enlaeait de ses bras flexibles, et une vigne serpentait jusqu’au plus haut des mâts. Le lion de l’Ida rugissait à la proue, et le tigre du Gange était assis à la poupe. A cette vue, les pirates effrayés se jet- tent à la mer, où ils prennent, à l’instant même, une forme nouvelle : l’extrémité de leurs bras se détache, leur poitrine s’affaisse et se perd dans la partie infé- rieure ; de courtes mains s’attachent à leurs flancs ; leurs épaules se courbent sous les vagues, et leurs queues échancrécs sillonnent la mer. Devenus dauphins, ils poursuivent encore les vaisseaux dans leur fuite rapide.