Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 2.pdf/85

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LE VIEILLARD.

Il était vieux, un doux sommeil a détaché son âme de son corps.

ŒDIPE.

Ainsi, mon père est mort sans que sa vie ait été tran- chée par un meurtre. Tu m’es témoin que je puis main- tenant lever au ciel des mains pures , innocentes, et qui ne craignent plus de se souiller d’aucun crime. Mais la plus redoutable partie de ma destinée pèse encore sur moi.

LE VIEILLARD.

Le trône paternel qui vous attend, dissipera toutes vos craintes.

ŒDIPE.

Ce trône, je l’accepterais bien ; mais je redoute ma mère.

LE VIEILLARD.

Vous craignez la plus tendre des mères , qui soupire après votre retour ?

ŒDIPE.

C’est cette tendresse même qui me force de la fuir.

LE VIEILLARD.

Abandonnerez-vous une veuve infortunée ?

ŒDIPE.

Tu as mis la main sur ma blessure.

LE VIEILLARD.

Confiez-moi cette crainte cachée dans votre cœur ; j’ai

appris dès long-temps à garder les secrets des rois.

ŒDIPE.

Averti par l’oracle de Delphes, je crains de devenir l’epoux de ma mere.