Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 3.pdf/197

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La Nourrice

Vous voulez suivre votre époux ?

Déjanire

Une chaste épouse doit le précéder.

La Nourrice

En vous condamnant ainsi vous-même, vous vous montrez criminelle.

Déjanire

Nul coupable ne se condamne lui-même.

La Nourrice

On a laissé la vie à bien des hommes qui n’étaient coupables que d’une erreur ; doit-on se punir soi-même d’un malheureux hasard ?

Déjanire

Oui, quand ou veut échapper à sa triste destinée.

La Nourrice

Mais Alcide lui-même a percé Mégare son épouse et tous ses enfants, de ses flèches trempées dans le sang de l’hydre de Lerne ; la fureur égarait son bras. Triplement parricide, il a pu néanmoins se pardonner à lui-même : il s’est lavé de ce crime dans les eaux du fleuve Cinyphe, sous le soleil de Libye, et a purifié ses mains que la démence avait égarées. Que prétendez-vous faire, malheureuse ? qui vous porte à vous condamner ainsi vous-même ?

Déjanire

Non, c’est Hercule vaincu par la mort qui me condamne : je veux me punir de ce crime.

La Nourrice

Si je connais bien Hercule, nous le reverrons victo-