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ACTE SECOND.


Scène I.

CLYTEMNESTRE, SA NOURRICE.
CLYTEMNESTRE.

Pourquoi faiblir, ô mon âme ! et penser au parti le plus sûr ? pourquoi balancer ? maintenant la meilleure voie t’est fermée. Le temps n’est plus où tu pouvais garder la foi du lit nuptial, et conserver fidèlement à ton époux le sceptre qu’il a remis en tes mains pour le temps de son absence. Vertu, honneur, droits de l’hymen, tendresse et fidélité, tu as tout sacrifié, ainsi que la pudeur qui ne revient plus quand on l’a une fois bannie. Lâche donc le frein à tes passions, excite-les même, et livre-toi tout entière au penchant qui t’entraîne dans le mal : c’est par le crime seulement qu’on peut assurer ses pas dans la carrière du crime. Repasse dans ton esprit toutes les perfidies de ton sexe ; rappelle-toi ce que des femmes infidèles ont osé, dans l’égarement d’un amour coupable ; la violence des marâtres ; les forfaits de la vierge du Phase que l’ardeur d’une flamme criminelle emporta loin des états de son père sur le vaisseau de Thessalie ; le fer, le poison. Quitte aussi le palais