Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 3.pdf/283

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donnant sa barque ; les Centaures de Thessalie s’agitent avec violence, et le bruit de leurs pas glace d’effroi les Mânes tremblants ; l’hydre de Lerne a caché sous les eaux ses têtes effroyables, et tous les monstres que tu as vaincus tremblent à ton aspect.

Mais je me trompe, je me trompe, mère insensée ! les Mânes n’éprouvent point de terreur à ta présence. La dépouille effrayante du lion d’Argos à la crinière dorée ne couvre plus tes fortes épaules, et ses dents terribles ne brillent plus sur ton front. Ton carquois n’est plus à toi, tu l’as donné ; d’autres mains plus faibles que les tiennes lanceront désormais les flèches. O mon fils ! tu descends désarmé dans les enfers, et pour y demeurer toujours.



Scène IV

Alcmène, Hercule


Hercule

J’ai pris place dans le séjour des dieux, le ciel étoilé s’est ouvert pour me recevoir ; pourquoi, ô ma mère ! me faire sentir encore par vos cris les conditions de la vie mortelle ? Cessez vos plaintes, car mon courage m’a frayé la route du ciel, et m’a fait asseoir parmi les dieux.