Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 3.pdf/335

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NÉRON.

Exterminer ses ennemis, c’est la première vertu d’un prince.

SÉNÈQUE.

Épargner les citoyens, c’est plus encore la vertu du père de la patrie.

NÉRON.

C’est à des enfans qu’il faut donner ces conseils de vieillard.

SÉNÈQUE.

C’est plutôt l’ardente fougue de la jeunesse qui a besoin d’être modérée.

NÉRON.

Je crois être d’un âge à pouvoir me gouverner moi-même.

SÉNÈQUE.

Puissent toutes vos actions être agréables aux dieux !

NÉRON.

Ce serait folie à moi de les craindre, puisque c’est moi qui les fais.

SÉNÈQUE.

Cette grande puissance que vous avez n’est pour vous qu’une raison plus forte de les craindre.

NÉRON.

Ma fortune me rend tout permis.

SÉNÈQUE.

Il faut vous confier moins dans ses faveurs ; c’est une déesse volage.

NÉRON.

C’est une lâcheté de n’user pas de toute sa puissance.