Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 3.pdf/349

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NÉRON.

Je veux voir si le fol amour des Romains pour Octavie tiendra contre ma puissance.

SÉNÈQUE.

Cédez plutôt aux vœux du peuple.

NÉRON

Il n’y a plus d’autorité quand c’est le peuple qui conduit les chefs.

SÉNÈQUE.

Ne lui rien accorder, c’est lui donner un juste sujet de haine.

NÉRON.

A-t-il donc le droit de prendre à force ouverte ce qu’on refuse à ses prières ?

SÉNÈQUE.

C’est une cruauté de ne les écouter pas.

NÉRON.

C’est un crime de vouloir forcer un empereur.

SÉNÈQUE.

Qu’il cède alors lui-même.

NÉRON.

La renommée dira qu’il a été vaincu.

SÉNÈQUE.

Elle est capricieuse et mensongère.

NÉRON.

Plus d’un roi, s’il n’y prend garde, est déshonoré par elle.

SÉNÈQUE.

Elle redoute la grandeur.