Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 3.pdf/377

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dace et la témérité la poussent vers l’abîme. Je vais la dompter par l’excès des maux, et l’accabler d’un joug de fer qui l’empêche à l’avenir de rien oser de semblable, et de lever même les yeux sur le sacré visage de mon épouse. Abattue sous le poids de la terreur que lui inspirera ma vengeance, elle apprendra à plier au moindre signe de son maître.

Mais voici l’homme que sa rare vertu et sa fidélité ont mis à la tête des gardes de mon palais.

LE PRÉFET.

Cette sédition populaire est apaisée ; il n’en a coûté que la vie d’un petit nombre de factieux qui se sont obstinés dans une folle résistance.

NÉRON.

Et tu crois que c’en est assez ? est-ce ainsi que tu as compris les ordres de ton empereur ? Apaisée ! est-ce là donc la vengeance qui m’est due ?

LE PRÉFET.

Les chefs de cette révolte impie sont tombés sous le fer.

NÉRON.

Et quoi ! cette vile populace qui venait pour réduire mon palais en cendres et faire la loi à son empereur ; qui a prétendu arracher de mon lit une épouse chérie, et qui l’a outragée autant qu’elle a pu de ses mains impies et de ses paroles sacrilèges, ne recevra point le châtiment qu’elle mérite ?

LE PRÉFET.

Ferez-vous tomber le feu de votre colère sur vos concitoyens ?