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NOTES
SUR AGAMEMNON.


Il est peu de sujets de tragédie aussi heureux que le meurtre d’Agamemnon : il forme la première partie de l’admirable trilogie d’Eschyle (Agamemnon, les Choéphores, et les Euménides), et depuis il a été mis sur la scène par une foule d’imitateurs dont les principaux sont Sénèque le Tragique, Thompson chez les Anglais, Alfieri chez les Italiens, Népomucène Lemercier chez nous, sans parler de Roland Brisset, au xvie siècle iècle, et de l’abbé Boyer, contemporain de Racine, qui lui a fait, par ses épigrammes, la seule gloire qu’il mérite et qu’il ait conservée. De toutes ces imitations, celle qui se rapproche le plus de la pièce grecque pour l’imposante simplicité des formes, c’est à notre avis l’Agamemnon de M. Lemercier, qui doit beaucoup à Eschyle, et beaucoup à notre auteur.

Quant au mérite de la tragédie latine, il nous semble petit. Heinsius dit que cette pièce est écrite dans un assez bon esprit, frugis bonæ, ce que prouvent, dit-il, les imitations que l’auteur s’est permises ; car il a fait à Virgile d’assez heureux emprunts, etc. Nous adoptons ce jugement, mais en faisant toutes réserves pour le récit de la tempête qui se trouve au troisième acte, et qui est du plus mauvais goût, faux, ridicule et absurde au premier chef.

Acte Ier. Page 7. L’ombre de Thyeste. Voyez, au premier volume, dans Thyeste, l’apparition de l’ombre de Tantale, qui sert, comme ici, de prologue et d’introduction. Cette ressemblance ne prouve pas que les deux tragédies soient de la même main, car la différence du style est trop marquée ; elle prouve plutôt l’attention d’un servile imitateur à suivre pas à pas un assez mauvais modèle.