Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 4.djvu/119

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

un empire qui lui fait illusion ; enfin cette intimité que donne le mariage, l’habitude, la bonté de son cœur lui rendent sensible, dans les premiers momens, la perte d’un homme qu’elle ne pouvait aimer. Il est des événemens, des circonstances qui nous font prendre, à nous et aux autres, le change sur ce que nous éprouvons ; nous croyons être affligés de la mort d’une personne, quand c’est la mort seule qui fait impression sur nous, et les spectateurs prennent notre émotion et notre étonnement pour de la douleur. Je ne suis pas accoutumé à réfléchir sur les sentimens et à les analyser, mais j’aime à me rendre compte de tout ce qui me frappe dans la Comtesse, et quand je la quitte, ses actions, ses gestes, ses plus légers mouvemens se retracent à mon esprit ; j’en cherche le principe, et le résultat m’offre toujours de nouveaux motifs de l’admirer.

Séparateur