Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 4.djvu/157

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refuse, qu’il n’y ait pas de témoins de sa disgrâce. » Sa belle-sœur a ri, nous a regardés avec attendrissement, et a suivi le Commandeur. Je me suis jeté aussitôt aux pieds de la Comtesse, sans pouvoir d’abord prononcer une parole. Je lui ai dit ensuite : c’est à vous, Madame, à décider de mon sort. — Levez-vous. Marquis, m’a-t-elle dit toute troublée et interdite. — Non, Madame, en prenant ses mains que j’ai couvertes de baisers enflammés, c’est à vos pieds que je dois attendre mon arrêt ; prononcez si je dois vivre ou mourir. J’ai répété ces mots plusieurs fois, toujours à genoux, et mes larmes inondant ses mains. Vivez, m’a-t-elle dit enfin avec un sourire enchanteur. Je ne vous peindrai pas les transports de ma joie, et si je voulais vous en donner une idée, je me comparerais à