Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 4.djvu/158

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un aveugle né, à qui on vient d’ôter la cataracte, qui est inondé d’un torrent de lumière qui, pour la première fois, lui fait voir une femme qu’il lui avait suffi de toucher et d’entendre pour l’adorer. Lorsque le calme a été un peu rétabli, et que j’ai pu dire quelques mots de suite, j’ai fait à la Comtesse le récit de ce qui s’était passé entre le Commandeur et moi. Il faut bien que j’obéisse à un si bon oncle, a-t-elle dit, en me jetant un regard plein de la plus douce bienveillance. Peu à peu je suis parvenu à obtenir qu’elle lui obéirait sans regret, ensuite avec plaisir, enfin, enfin, mon ambition croissant sans cesse, j’ai emporté l’aveu d’une tendre amitié, tendresse aurait mieux valu, amour encore plus ; mais il y a du tendre et je suis satisfait.

Je ne suis plus le même homme,