Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 4.djvu/180

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invitation ; oui, j’assisterai à l’union de deux époux, qui me seront dans peu également chers, et je prends l’engagement de passer chaque année quelques jours chez vous. Je conçois que votre bonheur vous accable en quelque sorte. C’est l’effet de la surprise, c’est l’effet de la violence de la passion ; les transports de la joie ne durent que quelques momens, l’ame ensuite se concentre dans elle-même, et se répand peu au-dehors. Il est trois sortes de gens qui parlent peu, ce sont les savans et les gens fort heureux ou fort malheureux ; ainsi l’on peut dire que le savoir, la douleur et le bonheur sont muets. Les uns ont trop à dire pour parler, et les autres ne trouvent point d’expressions qui puissent les satisfaire. La nature même leur refuse les moyens ordinaires de manifester leurs sentimens : il n’est