Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 4.djvu/57

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l’état de nature, l’homme faible ou inepte n’a pas un droit égal à celui de l’homme fort et adroit, sur les animaux propres à sa subsistance. La nature, s’il m’est permis de me servir d’une telle comparaison, semble avoir établi un arbre de Cocagne, au haut duquel sont les objets nécessaires à la subsistance de l’homme et à sa conservation. Les plus adroits et les plus agiles atteignent le but, les autres languissent et meurent. À cette maxime des droits de l’homme il faudrait substituer celle-ci : « les hommes naissent égaux en droits à la protection de la loi. » Il n’est point de vérité absolue, et les hommes se trompent bien moins, faute d’entrevoir la vérité, que faute d’en apercevoir les limites. Les mots décevans d’égalité chatouillèrent l’oreille du peuple ; il se crut reporté aux premiers âges