Cette page n’a pas encore été corrigée
- dividu doit effectivement nous paroître une imperfection
- dans le tout ; mais il se peut que ce ne soit un mal qu’à
- nos yeux, et que cette sorte d’imperfection soit nécessaire.
- Apparemment le tout ne pouvoit subsister et ne
- pouvoit être beau sans un très-grand mouvement : peut-
- être la destruction violente étoit inévitable.
[243]
- L’intelligence a employé les choses, mais elle | n’a pu
- les changer. L’intelligence connoît l’être : avant que l’être
- soit connu, il faut qu’il existe. L’intelligence peut avoir
- amélioré le résultat des choses, mais elle n’en a point fait
- les premiers moyens : car l’intelligence agit sur l’intellectuel ;
- or l’intellectuel résulte ou de l’être positif existant,
- ou de l’être possible.
- Si c’est de l’être existant, l’être, dans son essence, est
- indépendant de l’intelligence.
- Si c’est seulement de l’être possible, alors il n’y a point
- d’êtres positifs, il n’y a point de matière.
- Dans tous les cas l’intelligence n’est point cause, mais
- seulement agent. Elle est cause des formes ou des résultats ;
- mais elle n’est point cause des essences, et s’il existe
- des essences, elle n’est point cause première. Or, comment
- concevoir qu’il n’en existe pas ? L’intelligence alors
- étant seule existante, seroit une ; car quelle force ou quels
- moyens en maintiendroient la division. On peut donc
- supposer Dieu existant sans les choses, mais non
- l’homme. Si l’intelligence de l’homme existe, il faut aussi
- que les corps aient une existence réelle.
- Si donc l’intellectuel résulte de l’être positif, l’intelligence
- ne peut en changer la nature, elle ne peut en
- retrancher le mal : l’intelligence ne connoît même pas la
- nature de l’être, elle n’en connoît que les propriétés relatives.
- Et si même le monde matériel est imaginaire,
- puisque notre pensée qui est une portion de l’intelligence