Page:Sénancour - Rêverie sur la nature primitive de l’homme, tome 2.djvu/146

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efforts ; mais dans l’univers, leur monde s’aperçoit à peine,
et je suis effrayé du silence des cieux. Dans ces nuits de
l’espace, il n’est rien que j’aime, que je cherche, que je

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comprenne, ou qui m’entende, ou qui me voie ; et
l’abîme m’est étranger dans toutes ses profondeurs.
Subitement je me retrouve précipité parmi ces ombres infirmes
et passionnées ; leur agitation fait lever une nuée de
poussière qui m’enveloppe et qui me sépare des astres ;
tout grandit autour de moi, les couleurs terrestres
m’éblouissent, et l’infini m’est caché : mais on n’oublie
pas l’infini ; celui qui l’a entrevu le cherchera toujours,
et la voix de l’être mortel le distraira sans lui suffire.