Page:Sénancour - Rêverie sur la nature primitive de l’homme, tome 2.djvu/159

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
blies et les institutions de la cité. Apaisez la jeunesse en
lui laissant le plaisir ; vous la contenterez et vous détournerez
sa fougue. Il seroit aussi facile, dans une société
réglée, de donner à tous ce qui leur conviendroit en ne
sacrifiant personne, qu’il l’est dans nos sociétés passionnées,
de donner à quelques-uns ce qui leur plaît aux
dépens de tous les autres.

Note huitième, page 104

Je regarde l’usage de la poudre comme une des causes
principales des grands changemens survenus depuis
quelques siècles dans la société humaine. Je ne vois pas
pourquoi cette amélioration a été expressément attribuée
au christianisme dans un Discours que j’appellerois
Conférence, si je ne trouvois que c’est dénaturer un peu les
choses que de nommer ainsi une suite de phrases que l’on
récite tout seul, en prétendant réfuter ceux qui ne peuvent
répondre. Un nombreux auditoire fait le triomphe de ces
sortes de cérémonies. Pourtant le calcul est simple. Quinze
cents personnes au plus deux fois en un mois, c’est trois
mille. Dans le même temps, Brunet en rassemble environ
cinq fois autant : et l’on y paie davantage. Si pourtant il

[303]

s’agit par hasard de la vérité, le talent que j’es|time ne
m’empêchera pas de demander (puisque là on raisonne)
beaucoup plus de justesse dans les conclusions. Si, dis-je,
on cherche la vérité, j’ai connoissance d’un homme qui
se nommera dans le temps, et qui s’engage à réfuter ces
réfutations ; mais à cette condition que ces véritables
conférences seront écrites, publiées ensuite, et envoyées dans
toutes les villes chrétiennes. Cet homme est incapable de
faire de cela un jeu : la discussion sera sérieuse et
décente. C’est de bonne foi qu’il cherche le vrai ; et s’il est