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- habitudes et la vie de l’homme ne s’arrêtent point, ainsi
- s’altérent et vieillissent les mœurs et l’esprit d’un peuple :
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- son langage, | expression de ses idées, change comme
- elles, et réciproquement, le style dont il prend l’habitude
- influe sur ses conceptions.
- Dans un pays florissant par les arts et les lettres, par
- le commerce ou les armes, célèbre par les productions
- de l’esprit, et puissant par l’influence de la pensée, au milieu
- de l’activité des peuples de l’Occident, la permanence
- d’une langue est plus chimérique encore. L’extrême correction,
- la fantaisie d’innover, la recherche et l’affectation
- des tours nouveaux, ces diverses causes de décadence sont
- nécessaires comme le mouvement rapide de l’industrie, et
- comme les effets inévitables de l’épuisement [1].
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- Buffon, plus extraordinaire encore par le talent que par
- le génie, Buffon, vraiment peintre, trouva des couleurs
- multipliées pour les nuances innombrables de son modèle.
- Varié dans sa manière comme l’inépuisable variété
- des êtres, il dévoile avec élégance, peut-être avec trop
- d’élégance, les beautés du monde, et il sonde avec une
- ↑ La langue suit l’état intellectuel du peuple dont elle exprime le caractère. La langue française dégénérera, mais elle n’a pas dégénéré. Une langue affoiblie n’est pas élégante et pure comme dans un grand nombre des écrivains modernes, elle n’est pas exacte, simple et variée comme dans la prose de Voltaire, poétique comme dans celle de Buffon, précise et ferme comme dans Montesquieu, riche, énergique et sublime comme dans les beaux vers de Voltaire et dans les belles pages de Rousseau.
Si l’on prétend que l’on a rétrogradé dans le dernier siècle, parce qu’en effet beaucoup d’écrits de ce temps sembleroient appartenir à un siècle de décadence, que l’on dise aussi que la langue étoit informe sous le règne de Louis XIV, car à l’exception d’un petit nombre d’excellens écrivains les auteurs d’alors étoient ou très-médiocres, ou très-mauvais.