Cette page n’a pas encore été corrigée
- faire tout auteur discret, ou pour se faire un nom et un
- revenu, comme les auteurs qu’on approuve.
- Ce tort si grave, et par lequel aujourd’hui l’on voudroit
- éclipser toute sa gloire, sera examiné plus loin. Quant au
- premier de ces reproches, j’observerai que Voltaire ne
[323]
- pouvoit pas éviter facilement | comme Racine, de tomber
- dans un tel inconvénient.
- Racine, en écrivant pour la scène, ne voyoit que sa
- pièce, il lui suffisoit qu’elle réussît, qu’elle fût belle, que
- la critique fût presque réduite au silence. Mais Voltaire
- avoit senti qu’il influeroit sur l’opinion. Il luttoit tous les
- jours contre l’erreur prêchée tous les jours ; il vouloit
- opposer l’évidence de la raison, à la continuité des
- manœuvres et des ruses de l’intérêt, de l’imposture, de
- l’iniquité ; il vouloit opposer au goût que les hommes ont pris
- pour leurs habitudes et leurs manies, le besoin qu’ils ont
- encore de la vérité. Voltaire vouloit réunir sur la scène,
- le personnage et l’homme en général ; il lui étoit plus
- difficile d’en rendre fidélement les traits. Une critique
- impartiale, chercheroit à voir dans des cas semblables, le
- motif des défauts qu’elle doit relever ; l’existence de ce
- motif peut laisser subsister la faute, mais non l’inadvertance.
- Dans les ouvrages de l’esprit, une faute est moins
- grande, quand elle est connue de celui qui la fait, quand
- elle est volontaire en quelque sorte. Racine peignoit le
- masque individuel ; Voltaire vouloit que sous le masque
- on entrevît l’homme. Il en résulte inévitablement, que les
- couleurs du masque, en conservant la transparence sans
- perdre la force, manquent de vérité dans quelques-unes
- de leurs nuances. L’intention morale ne se trouve que par
[324]
- hasard dans les pièces de Ra|cine, ce mérite essentiel
- caractérise celles de Voltaire……………………………
- …………………………………………………………