Page:Séverin - Théodore Weustenraad, poète belge, 1914.djvu/37

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Ne sens-tu pas au fond de ta poitrine
Ta conscience en feu se tordre sous l’arrêt
Que trace, chaque nuit, une main clandestine
Au mur de ton chevet ?

Grand ! cet arrêt d’un Dieu surgi pour nous défendre
Qui ne te permet plus de vivre de nos pleurs,
Qui, de ton nid d’oisif, te condamne à descendre
Parmi les travailleurs,

Pour expier l’abus des droits de la conquête,
Entrer dans l’Ordre Saint de la capacité,
Et détourner les maux qui grondent sur la tête
De toute la cité ;

Tu le verras bientôt luire au front de la Terre,
Au nom d’un peuple élu se transformer en loi,
Se faire homme, s’asseoir entre le Sanctuaire
Et le Trône du Roi ;

Grandir au-dessus d’eux et dominer le monde
Comme l’œil tout-puissant de la Divinité,
Dont le rayon éclaire et le regard féconde
Tout le globe habité !

Gloire à toi, Saint-Simon, seul vrai dieu de ta race !
Quand je trouvai ton pied empreint dans mes sillons,
Quand ton souffle de feu passa devant ma face,
Je sentis, de plaisir, frissonner mes haillons,
Et les signes du temps sur ma tête éclatèrent,
Et je me dis alors : jeune homme, lève-toi,
Lève-toi du fumier où les grands t’enchaînèrent
Au poteau de l’ancienne loi !


On reconnaît dans ces vers la phraséologie saint-simonienne : « À chacun selon sa capacité, à chaque