Page:Séverin - Théodore Weustenraad, poète belge, 1914.djvu/47

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« persécutions » qu’elle lui valut ? Sa foi se trouva-t-elle ébranlée par les procès intentés aux saint-simoniens en janvier 1832, par les dissentiments qui éclatèrent à la même époque dans la « grande famille », amenant des défections et un schisme, par le caractère saugrenu de certains dogmes nouveaux dont le père Enfantin enrichit le credo saint-simonien ? Le jeune Belge finit-il par discerner ce qu’il se mêlait de charlatanisme, et peut-être de folie authentique, à la généreuse exaltation de ses coreligionnaires ? Ce sont là de très menus problèmes, qui relèvent sans doute de la psychologie au moins autant que de l’histoire.

Le plus simple est encore de croire que le saint-simonisme de Weustenraad fut le résultat d’un de ces emballements dont ses biographes le disent coutumier, et que, comme tel, il ne pouvait être de longue durée. L’installation du poète à Liège, au surplus, dut faire diversion à sa chimère de réforme sociale et le détacha sans doute définitivement du « Nouveau christianisme ».

Quoi qu’il en soit, il n’y avait pas adhéré impunément. S’il en répudia les dogmes, il ne put en répudier absolument l’esprit et les tendances. Des traces de saint-simonisme sont reconnaissables dans tels poèmes que Weustenraad écrivit douze ou quinze ans après avoir renié la foi saint-simonienne.

J. Jaminé, qui vécut dans l’intimité du poète jusqu’au moment où ce dernier quitta Tongres, nous a