Page:Séverin - Théodore Weustenraad, poète belge, 1914.djvu/94

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’on les prenne pour des Français. Cette confusion, que justifient du reste maintes affinités, leur semble plutôt agréable et flatteuse. Mais Weustenraad les nie, ces affinités. À cette occasion, il trace même du caractère belge une image passablement avantageuse, dont tous les traits s’opposent à ceux qui constituent le caractère français. Et il s’appuie sur des statistiques pour démontrer que le Belge est plus instruit, plus honnête, plus moral que le Français. Il s’en faut donc de beaucoup que la Belgique lui semble « française par les mœurs ». Bien au contraire : Weustenraad, dans son chauvinisme, est près de trouver injurieux pour ses compatriotes le rapprochement fait par M. Chevalier.

Ce n’était pas seulement à l’égard de la France que son patriotisme affectait cette intransigeance farouche. Un certain abbé G. Moens, auteur de Considérations sur la Révolution belge de 1830, [1] » ne fut pas mieux traité que l’économiste Chevalier. Orangiste et absolutiste, ce personnage contestait les griefs des révolutionnaires belges et l’utilité de la révolution. Weustenraad lui répond dans un article[2] où la verve, la moquerie, l’ironie et la violence abondent, à défaut de goût. L’article est très étendu, et je ne songe pas à le résumer. Le malchanceux abbé y est tour à tour accusé de mensonge, de malveillance,

  1. Liège, Jeunehomme frères, édit.
  2. Revue belge, 1836, tome 4, p. 457-481.