Page:Séverin - Théodore Weustenraad, poète belge, 1914.djvu/98

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atteste[1] que « ce drame, écrit en quelques jours, était destiné à faire passer dans l’âme du peuple le sentiment de liberté qui animait l’auteur. » Une fois de plus, le patriote-démocrate apparaît sous l’écrivain. Weustenraad ne cultive pas l’art dramatique pour lui-même ; il lui assigne une mission extra-littéraire, qui est d’éduquer le peuple et, spécialement, de développer dans son cœur le sentiment national.

La pièce est, d’ailleurs, fort médiocre. Deux ou trois scènes, telles que l’élection du bourgmestre La Ruelle (1er acte), l’entrevue de ce personnage avec le Prince d’Osnabrück, envoyé du Prince-Evêque (3e acte), témoignent peut-être d’un certain effort vers l’objectivité. Maints discours, malheureusement, n’y sont prononcés que pour mettre le spectateur ou le lecteur au courant de la situation. Et il y a bien de la rhétorique, du pathos, du lieu commun, dans les propos que l’auteur prête aux personnages de son drame. Polain avait traité le même sujet dans une de ses « Esquisses historiques de l’ancien pays de Liège, » qui peut-être servit de « source » au drame de Weustenraad. Tout médiocre qu’il est littérairement, l’historien liégeois l’emporte ici en couleur, en caractère, en brièveté pittoresque, sur le dramaturge qui, sans doute, n’a vu dans son œuvre qu’un canevas.

  1. Revue de Belgique, tome IV (1849) p. 73.