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qu’on auroit redoublés de bon cœur : c’est une vision. Mais enfin quelle affliction ne montre point notre grosse marquise d’Uxelles[1] sur le pied de la bonne amitié ! Ses maîtresses ne s’en contraignent pas. Toute sa pauvre maison revient[2] ; et son écuyer, qui vint hier, ne paroît pas un homme raisonnable. Cette mort efface les autres.

Un courrier d’hier au soir apporte la mort du comte du Plessis[3], qui faisoit faire un pont. Un coup de canon l’a emporté. On assiége Arnheim[4] : on n’a pas attaqué le fort de Schenk[5], parce qu’il y a huit mille hommes dedans. Ah ! que ces beaux commencements seront suivis d’une fin tragique pour bien des gens ! Dieu conserve mon pauvre fils ! Il n’a pas été de ce passage. S’il y avoit quelque chose de bon à un tel métier, ce seroit d’être attaché à une charge, comme il est[6]. Mais la campagne n’est point finie[7].

Au milieu de nos chagrins, la description que vous me

  1. 8. Voyez la note 1 de la lettre 22.
  2. 9. Le mot revient n’est ni dans l’édition de 1725 ni dans celle de Rouen, 1726. Il serait possible que ce membre de phrase fût une exclamation de pitié : « Toute sa pauvre maison ! » Ce passage manque dans l’édition de la Haye.
  3. 10. Alexandre de Choiseul, comte du Plessis Praslin, fils de César, duc de Choiseul, maréchal de France (appelé le maréchal du Plessis). Il fut tué devant Arnheim.
  4. 11. Dans les deux éditions de Perrin : « M. de Turenne assiège Arnheim. »
  5. 12. Il était situé au-dessus du Tolhuys, au point de séparation des deux bras du fleuve, « dans la fourche, dit le Roi, du Wahal et du Rhin, qui en baignent la pointe et les deux flancs, et ne laissent que la tête du côté de terre ferme attaquable. » Attaqué après la capitulation d’Arnheim, il fut pris en quatre ou cinq jours de tranchée ouverte. Voyez le Mémoire de Louis XIV, p. 530.
  6. 13. Voyez le quatrième alinéa de la lettre 299, p. 152.
  7. 14. Cette petite phrase manque dans les éditions de 1725 et de 1726.