aller à Orange pour y assister M. de Grignan, que de tourner du côté du nord. Pourquoi a-t-il fini sitôt son duel[1] ? Je suis fâché d’une si prompte victoire. Je ne sais si vous vous plaignez encore de moi ; mais vous avez tort, vous me devez des lettres. Je vous pardonne de ne vous être pas encore acquittée, je sais toutes les affaires que vous avez eues ; et c’est en ces occasions précisément que je vous permets d’oublier un guidon. Ô le ridicule nom de charge, quand il y a cinq ans qu’on le porte[2] ! Adieu, ma belle petite sœur. Vous croyez peut-être que je ne songe qu’à me reposer et à me divertir ; pardonnez-moi : mes chevaux sont-ils ferrés ? mes bottes sont-elles prêtes ? Il me faut un bon chapeau :
Piglia-lo, su,
Signor monsu[3].
Voilà tous mes discours depuis que je suis à Paris. Semble-t-il que l’on ait fait huit mois de campagne ?
1673
366. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.
Je vous souhaite une heureuse année, ma très-chère bonne, et dans ce souhait je comprends tant de choses que je n’aurois jamais fait, si je voulois vous en faire le
- ↑ 7. Voyez les lettres du 23 et du 24 novembre précédents.
- ↑ 8. Voyez la Notice, p. 202, note 2.
- ↑ 9. Prends-le, allons, seigneur Monsieur. Voyez l’intermède qui termine le premier acte de Monsieur de Pourceaugnac (1669) et le jeu de scène indiqué : « M. de Pourceaugnac, mettant son chapeau pour se garantir, etc. » Ce jeu de scène n’est pas marqué dans les anciennes éditions de Molière, la première où nous l’ayons vu est celle