Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 10.djvu/22

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1691 tout le monde s’intéresse comme à une perte publique : jugez ce que ce doit être pour toutes ses amies. On m’assure que M. de Lavardin en est fort touché ; je le souhaite : c’est son éloge que de regretter bien tendrement une mère à qui il doit en quelque sorte tout ce qu’il est. Adieu, mon cher cousin, je n’en puis plus ; j’ai le cœur serré ; si j’avois commencé par ce triste sujet, je n’aurois pas eu le courage de vous entretenir.

Je ne parle plus du Temple[1], j’ai dit mon avis ; mais je ne l’aimerai ni ne l’approuverai jamais. Je ne suis pas de même pour vous ; car je vous aime, et vous aimerai, et vous approuverai toujours.


de madame de grignan.

Il n’y a si bonne compagnie qui ne se sépare : celle de M. et de Mme de Nevers[2] vous abandonne, mon cher cousin : hélas ! que je vous plains ! Je me souviens pourtant qu’ils furent votre consolation à la perte que vous fîtes de M. le cardinal de Bouillon et de l’abbé de Polignac ; comme vous les avez recouvrés[3], ne pour-

  1. 15. Il paraît que Coulanges n’habita pas longtemps le Temple, car en 1695 il demeurait rue des Tournelles. Voyez la lettre du 21 janvier de cette année-là. (Note de l’édition de 1818.)
  2. 16. Coulanges envoya de Rome à la duchesse de Nevers ce triolet, imité du joli triolet de Ranchin.

    Le dernier jour du mois de mars
    Fut le dernier jour de ma vie :
    Diane, à six heures trois quarts,
    Le dernier jour du mois de mars,
    Quitta le séjour des Césars,
    Pour retourner en sa patrie :
    Le dernier jour du mois de mars
    Fut le dernier jour de ma vie.

    (Note de l’édition de 1818.) ·

  3. 17. Le cardinal de Bouillon était arrivé à Rome, d’après la Gazette, le 25 mars, d’après Coulanges, le 29. Il y avait amené avec