Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 10.djvu/329

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1695 Beaucé autrefois hasarda de se faire chasser de l’hôtel de Mesneuf pour sa mauvaise langue[1]. À cet hiver donc toutes sortes d’éclaircissements et de bonnes intentions pour rétablir la paix. Mme  de la Chastre est accouchée d’un gros garçon ; il est déjà destiné pour le baptême à M. de Lavardin son grand-père, et à Mme  de la Chastre sa grand’mére.[2] Fontainebleau ne dit mot, et la Flandre encore moins ; toutes les armées se séparent le 25e de ce mois, et déjà le roi et la reine d’Angleterre sont revenus de Fontainebleau à Saint-Germain[3]. Je suis, ma chère gouvernante, toute à vous et à la belle Comtesse. Mille compliments à tout ce qui est Grignan.


coulanges.

Et moi, je vous dirai en mon particulier que j’ai été effrayé de l’état où vous mandez qu’a été Mme  de Grignan ; je ne savois point qu’il eût été si terrible ; vous ne devez pas douter que je ne désire fort sa meilleure santé, et par plus d’une raison ; car quelque errant que je sois, j’ai bien de l’impatience de vous trouver quelquefois en mon chemin. Mille caresses, mille tendresses, mille respects, mille compliments pour vous, ma très-aimable gouvernante, et pour tout ce qui est autour de vous. Dès qu’il fait beau, je voudrois que Mme  de Coulanges fût venue ici ; mais en vérité nous sommes venus trop tard pour une santé aussi ébranlée que la sienne. Pour moi, je suis devenu un bilboquet, à qui rien ne fait mal, et qui se trouve partout sur ses pieds, comme s’il n’avoit jamais eu de goutte.

  1. 4. Nous avons vu, au tome VII, p. 18, une Mme  de Beaucé. — Sur M. de Mesneuf, voyez tome III, p. 411, note 6.
  2. 5. Voyez ci-dessus p. 143, note 6.
  3. 6. La Gazette (p. 492) dit que le roi et la reine d’Angleterre ne revinrent de Fontainebleau à Saint-Germain que le 12 octobre.