qu’il me reviendroit de ce voyage que vous ne feriez autre chose que m’écrire, et que vous n’auriez même rien de mieux à faire ; et cependant voici le premier signe de vie que vous me donnez. Je n’entends point, s’il vous plaît, que vous mettiez le silence dans le système de votre repos : entrez, tant qu’il vous plaira, en léthargie pour tout le reste du monde, mais je conserve mes droits, et veux tous les fruits de votre oisiveté, auxquels je veux bien avoir la bonté de répondre, moi qui suis ici dans le brillant d’une belle ville. Il me semble, ma chère Marquise, que vous me parlez (entre nous) assez froidement du voyage de Vauréàs. On va à Paris ; on me le demanderoit, si on croyoit que je fusse capable de m’émouvoir. J’entends ce langage, et dans la vérité je ne puis pas quitter cette pauvre femme, grosse, veuve, et mes affaires qui sont dans leur plus grand mouvement[1] II est pourtant triste dé vous savoir si prés et de ne pas vous aller ennuyer comme les autres. Je ne fais rien d’agréable depuis longtemps; je ne sais combien cela durera. Je suis ravie, ma chère cousine, que vous soyez contente de tous mes enfants[2]. Cette petite ou grosse veuve écrit en effet en perfection ; j’ai perdu en elle une très-aimable compagnie. Je vous remercie de tous les biens que vous dites de moi ; vous pourriez abréger en disant que vous m’aimez : voilà mon éloge. Je suis dans l’affliction de la mort de cette pauvre d’Épinay [3]6 je crois
- ↑ 4. Voyez la Notice iui< Mme de Sévigné, p. 314.
- ↑ 5. Il est probable que Mme de Sîmiàne n’avait plus alors que les trois filles que mentionne la Chénayë : Anne, religieuse bénédictine au Calvaire du Marais en 1720 ; Sophie, mariée en 1723 avec le marquis de Vence (voyez ci-après, p. 208, note 1) ; et Julie, qui épousa en 1725 le marquis de Castellane (voyez ci-après p. 41, note 1) ; on a vu au tome X, p. 481, que Mme de Simiane avait perdu un jeune fils en 1703.
- ↑ 6. Marie-Anne d’O, marquise d’Épinay, était la fille aînée du mar-
