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voyer et de faire le marché. Mandez-moi votre pensée sur tout ceci ; je suis au grand désespoir, car je ne sais au vrai où me gîter à Saint-Michel.

Le pauvre Lamarque est encore plus mal que moi, car on peut vivre sans corniche, mais non sans pain. J’attends M. Pellas ; je verrai ce qu’il a dans l’âme. Je vous écris ceci à dix heures du matin / j’achèverai après dîner, pour pouvoir vous dire quelque chose de nos Cadières.

J’appris hier au soir que M. de Bérenger[1], neveu de mon mari, a eu le régiment du Vivarais, vacant par la mort de ce pauvre petit la Valliève3[2] ; le chevalier de Trets [3], la majorité[4]5 de Nantes ; c’est un petit morceau à simple tonsure qui ne paye pas ses services, mais qui le déguignonne : on voit plus de gens abandonnés totalement de la fortune que de ceux qu’elle laisse en chemin. Depuis l’arrivée des commissaires, il a été présenté

  1. 2. Pierre de Bérenger, comte de Charmes et de Gua, fils de Jacques de Bérenger, comte de Charmes, etc., et de Marie-Anne de Simiane, belle-sœur de Mme de Simiane (mariée en 1678, morte en 1704). Il fut lieutenant général en 1744, chevalier du Saint-Esprit de la promotion du 2 février 1746, et mourut le 23 octobre 1751. Il avait épousé Françoise Boucher d’Orsai.
  2. 3. Petit-fils du frère de Mlle de la Vallière :Louis-François de la Baume le Blanc de la Vallière, fils puîné du duc de la Vallière, frère du duc de Vaujours (voyez ci-après, p. 108, note 5), d’abord chevalier de Malte, puis comte de la Vallière, colonel du régiment de Vivarais en mars 1729, mort à vingt-deux ans le 30 avril 1731.
  3. 4. Ëtienne-Mexandre de Gaufridy, chevalier de Trets, lieutenant-colonel au régiment de Médoc, mort en 1742 lieutenant de Roi de la ville de Berghes. Il était le second fils de l’historien de Provence (voyez ci-après, p. 82, note 2).
  4. 5. Majorité, fonction de major. Les mots à simple tonsure sont pris ici au figuré pour désigner une charge qu’on n’est pas obligé de remplir en personne. On appelait « bénéfice à simple tonsure, » un bénéfice qui pouvait être possédé par un enfant de sept ans ayant simplement la tonsure.