Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 11.djvu/171

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qui aura sept ou huit millions : voilà tout ce qu’on me mande de Paris.

Dans cet endroit de ma lettre arrive un galant homme nommé M. Marha, receveur du tabac, chargé par M. Dupleix de venir recevoir mes ordres (ce sont ses termes) ; je les lui ai donnés de grand cœur ; il verra demain tous les gens qui lui sont nécessaires pour finir votre affaire ;tout cela seroit trop long à vous déduire ; il vous suffira, s’il vous plaît, de savoir que votre tabac arrivera, tout musqué, tout parfumé, entre vos mains avant qu’il soit plus ; c’est une affaire que vous pouvez compter finie. Je payerai ce qui sera indispensable, à moins que vous n’ayez donné d’autres ordres à quelque autre personne. Un peu après Monsieur le receveur, arrive Verdun (qui par parenthèse a pensé être noyé dimanche dernier dans le faubourg d’Aix, où il a fait un orage dont il n’y a point d’exemple depuis la bataille que Marius gagna contre les Cimbres et les Teutons[1]) Verdun donc m’apprend : 1° les conclusions de Messieurs les gens du Roi, qui mettent le P. Girard hors de cour et de procès ; la Cadière à la question et pendue et réservent le jugement des autres moines après la question :M. le baron de Trets n’a pas été de cet avis[2].

Plus, les ouvriers sont arrivés en bonne santé, Isnard chassé et les vôtres en besogne, et s’y prennent de façon à me rendre bientôt ma maison je vous devrai ce bonheur, mon cher Marquis ; et le plus grand qui me puisse

  1. 5. Marius battit les Teutons près d'Aix.(Aquae Sextiae), et les Cimbres, avec le secours de Catulus, en Italie, près de Verceil.
  2. 6. Les conclusions du parquet d’Aix sont du 11 septembre même. « M. de Gaufridy (baron de Trets), premier avocat général, étoit d’avis de faire pendre et brûler le P. Girard, et mettre tous les autres querellés hors de cour et de procès. » (Journal de Barbier, tome II, p. 201.) Le jugement ne fut pas conforme de tout point aux conclusions des gens du Roi : voyez ci-dessus, p. 52 et 53, note 3.