Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 11.djvu/193

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d’aller en paradis. Tout d’un coup je laisse tout cela et je vais vous charger d’une[1]

  • 53. -- DE MADAME DE SIMIANE AU MARQUIS DE CAUMONT[2]1.

A. Aix, ce 15 février 1732.

Vous pouvez, mon cher Marquis, et je vous serai très obligée, faire partir votre juif. Il ne lui arrivera aucune malencontre[3], pourvu qu’il ne soit ici que vingt-quatre heures, qui est plus de temps qu’il ne m’en faut, et qu’il ne vende ni n’achète rien ici3.

J’ai recu le panneau travaillé par Brunel. J’en ai été très-

[4]

  1. 9. La fin de la lettre manque.
  2. LETTRE 53 (inédite, revue sur l’original). -- 1. Le dernier alinéa de cette lettre est seul de la main de Mme de Simiane.
  3. 2. Le secrétaire a écrit « aucun malencontre. » Ce mot s’employant le plus souvent sans article et sans déterminatif d’aucune sorte, l’erreur de genre s’explique aisément, d’autant plus que rencontre a été masculin, et l’est encore en blason.
  4. 3. Les Juifs, expulsés une dernière fois de Provence par Louis XII, se réfugièrent pour la plupart dans le comtat Venaissin et la principauté d’Orange, d’où ils cherchèrent à plusieurs reprises à rentrer dans le pays qu’ils avaient habité mais une déclaration du Roi du 23 avril 1615, suivie d’un édit du 15 juillet 1619, leur interdit d’y séjourner. Des arrêts du parlementd’Aix en 1660. 1696, 1697 confirmèrent cette interdiction. Cependant les Juifs obtinrent à diverses époques l’autorisation de venir passer quinze jours en Provence chaque année; mais les permissions de ce genre furent toujours révoquées au bout de peu de temps, sur les plaintes des marchands du pays, qui craignaient que les Israélites ne s’emparassent bientôt de tout le commerce. Ces mesures de rigueur ressemblaient beaucoup à celles qui furent prises en Espagne contre les Maures, auxquels il était défendu de se trouver une heure avant le coucher du soleil dans aucune des places fortes occupées par les chrétiens, sur la frontière de la région qui restait encore au pouvoir des infidèles.