Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 11.djvu/197

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donc (et ceci vous ne l’entendrez pas, mais M. Laine l’entendra) que j’avois distribué mes appartements de façon que je logeois une petite enfant que j’ai au rez-dechaussée dans une petite chambre au midi, à la gauche du salon, le dessous précisément du cabinet en galerie de mon appartement; pour cela, j’avois formé par une cloison une petite garde-robe pour l’enfant ; M. Lainé a vu tout cela : aujourd’hui je cherche partout un salon à manger, et d’abord je veux manger en bas le salon au midi étoit le premier pris, mais nous y trouvons de grandes incommodités :la proximité du vestibule et de la grande porte de la maison, par où viendront tous les vents du plus furieux nord du quartier ; j’ai donc imaginé et résolu de me faire une petite salle à manger de cette prétendue chambre d’enfant; vous direz peut-être que ce lieu est trop petit : je réponds que non, parce que je ne fais pas grand fracas à présent, que je n’ai jamais plus de six personnes, et le matin nous sommes deux ou trois au plus j’y ai présenté mes tables les plus grandes, les chaises autour, j’ai de place plus qu’il ne m’en faut ; mais voici la question cet endroit est long plus qu’il ne faut (j’ai fait abattre la cloison), je voudrois faire là un buffet, former une espèce d’alcôve, mettre au fond une grande table de marbre, et dans les côtés deux fontaines avec des coquilles de marbre qui seroient cachées en partie par ce qui formeroit l’alcôve. Voilà mon dessein mais ce mot d’alcôve me présente une idée maussade. Je demande à M. Lainé, mais dans la plus parfaite simplicité, un dessin pour former le salon à manger d’une façon agréable, de lui donner une juste et agréable proportion, dont nous sommes les maitres ; et pour cela je vous envoie toutes les mesures de ce lieu-là, pour lequel encore je vous prierai de me dire si je trouverai à Avignon un joli cuir doré. Voilà l’histoire du jour, mon