Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 11.djvu/25

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

DE CHARLES DE SÉFIGNÉ, ETC. xix

humblement de m’accorder votre protection, afin que j’obtienne du Roi une grâce qui ne lui coûtera qu’une de ses paroles. C’est de créer une charge de lieutenant de Roi au-dessous de celle que j’ai de lieutenant général en Provence, et de vouloir bien m’en gratifier ; il y en a en Bretagne et en Normandie[1] elle seroit plus nécessaire en Provence qu’ailleurs, à cause du peu d’officiers qu’il y a pour y commander. La Provence n’en paye que deux : [2] cette légère augmentation ne lui sera nullement à charge, et me tirera de l’abîme où je suis. Je ne m’attacherai point à vous persuader le besoin que j’ai d’un prompt secours ; cependant, Monsieur, permettez-moi de vous dire une circonstance très-pressante : c’est la banqueroute du trésorier de Provence [3]. Il m’avoit avancé jusques à


1690

  1. 4. Il y avait en Bretagne, outre le gouverneur, deux lieutenants généraux et deux lieutenants de Roi; Charles de Sévigné fut en 1692 nommé titulaire d’une troisième charge de lieutenant de Roi : voyez notre tome X, p. 79, note 3; l’Extrait du Mémoire de l’intendant Nointel, tome I, p. 463 de la Correspondance administrative sous Louis XIV et ci-après, p. XXV et suivante. -- M. Chéruel, dans son Dictionnaire… des Institutions…. dit que c'est en Bretagne et en Normandie qu'avaient été institués, en défiance des gouverneurs, les premiers lieutenants de Roi et qu'un édit de 1692 en établit quatre en Provence.
  2. 5. Le gouverneur et le lieutenant général; les appointements de ce dernier avaient été fixés, par ordonnances royales, « à la somme de dix-huit mille livres, équivalant à trente-six mille livres de notre monnaie actuelle: » à cette somme l’assemblée des communautés ajoutait d’ordinaire une gratification de cinq mille livres :voyez Walckenaer, tome III, p. 3o8 et 3o9 ; la lettre du comte de Grîgnan du 23 décembre 1673, tome III, p. 325» et 326; et tome V, p, 153.
  3. 6. Ce trésorier des états de Provence se nommait Blanc. Son successeur, Creyssel, fit banqueroute comme lui. Nous avons vu dans les papiers du contrôle général un Mémoire du comte de Grignan, daté de Grignan, le 9 mars 1690, pour demander qu’on le décharge d’une somme de quarante-quatre mille vingt francs, montant des avances qu’il a reçues du sieur Blanc, ci-devant trésorier des états ne Provence.