Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 11.djvu/256

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

i7o

~>t

de

petites affaires; mais sans me formaliser le moindre brin de n’avoir pas de réponse, persuadée que ce n’est ni par oubli, ni par indifférence. Aujourd’hui, par exemple, me voici à la tête de tous les Castellanes du monde, commandeurs, chevaliers et autres, pour vous apprendre la mort du pauvre Serre’, peintre, et vous demander en grâce d’employer tout crédit, et le vert et le sec, pour placer notre petit peintre Bernard, dont l’habileté, l’esprit, le caractère, la sagesse vous charmeront quand il aura l’honneur d’être connu de vous. Qu’il vous doive son établissement, je vous en conjure c’est une bonne et très-bonne acquisition que vous ferez; et sans vouloir nous faire valoir, il est heureux que sa famille, le climat et bien des petites circonstances le fixent à Marseille. Il vous devra son bonheur, Monsieur n’en est-ce pas un que de faire du bien ? Il n’y a pas un moment à perdre cette place va être demandée avec empressement, il faut gagner du terrain.

C’est ainsi qu’en partant je vous fais mes adieux5 je quitte le plus beau temps du monde; il semble qu’il le fasse exprès, après avoir été sauvage et froid pendant huit jours; mais enfin je pars je crois que l’envie de voir passer toute une armée6 à Aix me détermine. Cette ville est ordinairement si languissante, que je crois que 3. MichelSerre, peintre catalan, fixé à Marseille, y mourut en 1733, à l’âge de soixante et quinze ans. Ses plus beaux ouvrages sont à Marseille et à Aix. (Note de l’édition de 1818.)

4. « bien de petites circonstances. » (Édition de 1773.) 5. Vers du Thésée de Quinault, plusieurs fois cité par Mme de Sévigné voyez tome VII, p. 37a.

6. Une partie des troupes sans doute que Villars allait commander en Italie. Plus tard de la cavalerie espagnole traversa le Roussillon et la Provence.