Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 11.djvu/265

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choisis et aimables, est tout ce qu’il y a de plus subtil e de plus dangereux avoir Mme de Caumont à ses côtés e ses enfants beaux comme le jour vis-à-vis de soi, je vous laisse à penser si on nous saura gré là-haut de quitte] tout pour eux. Voici donc, mon cher Marquis, ce qu’i faut faire cela, bon, excellent en lui-même, il faut 1< rendre chrétien. N’êtes-vous pas trop heureux que tous vos objets demeurent aimables, et de n’avoir à cnangej que le principe de vos actions ? Il y a des coquins dans ce monde qui disent que ce grand ouvrage n’est pas le nôtre; mais ils disent qu’il faut le demander, et que rien n’est refusé au desir et à la prière.

II me semble, mon cher Marquis, que voici un petit sermon c’est le fruit de ma retraite. Je suis dans mon couvent depuis quelques jours, et depuis le matinjusques au soir nous y avons les prières des quarante heures, dévotion touchante et faite pour les personnes qui ont été assez malheureuses pour se livrer, grand nombre d’années et bien exactement, à toutes les extravagances du carnaval. Vous voyez donc où je suis, d’où je sors; vous ne serez pas étonné de ma morale.

On attend ici M. le marquis de Villars1. Ce sera un plaisir de carême, -et en effet il dégraissera considéra-^blement cette province, car les présents sont faits. Est-ce pour me plaire, ou pour vous moquer de moi, mon cher Marquis, que vous êtes désabusé de la politique ? Quoi qu’il en soit, je le reçois, et j’adopte un peu d’indifférence pour des intérêts si au-dessus et si éloignés de nous, sur LETTRE 98 (inédite, revue sur l’autographe). r. Honore-Ar- mand de Villars, né en 170a, dès i7r4 gouverneur g&i&al en survivance des pays et comté de Provence et de la ville de Marseille duc après la mort du maréchal de Viilars son père, arrivée à Turin le 17 juin 1734.

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