Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 11.djvu/38

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xxxII LETTRES INÉDITES

que j’essuie des gens d’affaires de cette province. Ils font semblant de ne pas entendre encore de quoi il est question ; il semble que je veuille leur emprunter[1] de l’argent ; ils disent qu’ils n’en ont point dans leur caisse ; ils disent encore bien d’autres choses, Monseigneur, qui seroient capables de m’ôter tout mon crédit mais comme ce sont des affaires qui me regardent en particulier, je n’ai garde, Monseigneur, de vous en importuner, et les discours de ces Messieurs me sont assez indifférents, puisque par le moyen de ce billet dont vous avez ordonné et autorisé le remboursement, je me trouve à là fin de mon payement. Je vous supplie donc, Monseigneur, de ne pas retirer cette main qui m’a jusqu’ici soutenu et protégé. Commandez que mon bilietde vingt et trois mille francs, dont je paye actuellement l’intérêt, soit remboursé par le trésorier des états[2] vous avez eu la bonté d’accorder pour cela un arrêt du conseil ; ordonnez-en l’exécution, Monseigneur il seroit cruel que tous les efforts que j’ai faits[3] jusqu’ici me devinssent inutiles auprès de vous et ruineux pour mes affaires ; la conclusion ne dépend plus de moi, puisque j’ai en main la marchandise, que vos bontés ont rendue d’un très-grand débit. Je suis avec tout le respect et la reconnoissance que je dois, Monseigneur,

Votre très-humble et très-obéissant

serviteur,

SÉVIGNÉ.

    tomeX, p. 68), et elle y demeura jusqu’au mois de mars 1694 (voyez même tome, p. 140).

  1. 3. L’autographe porte « leurs emprunter. »
  2. 4. Le trésorier des états de Bretagne, qui avait succédé à d’Harouys, se nommait de Lezonnet.
  3. 5. 11 y a ici fait, et trois lignes plus loin rendu, saus accord, dans l’original.