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296 CH. DE SÉVIGNÉ ET DACIER

particulier au mot communia- est le véritable, en ce qu’il s’accorde avec tout ce qu’ordonne Horace sur ce sujet, et même avec les principes d’Aristote, qu’on peut dire que les caractères des personnages de théâtre y sont traités à fond. « On a jugé à propos de laisser la forme et le style de factum que l’auteur a donné à toute cette dissertation il est si difficile de rien changer dans les ouvrages écrits d’une manière correcte et polie, qu’on se seroit mis an hasard d’ôter une partie de la grâce et de la beauté de celui-ci. s

PREMIER FACTUM1.

IL est question de la véritable intelligence d’un passage d’un aut. Ce mot dejàctum (on prononçait faclon) est pris ici dans le sens qu’il avait dans l’ancienne pratique judiciaire et que définissait ainsi l’Académie en 1694 ̃ « Exposition sommaire du fait d’un procès. » Dans V Histoire de l’Académie des inscriptions de Boze, Paris, 1740, tome If, p. 3oa, il est dit dans le Catalogue des ouvrages de Dacier, placé à la suite de son éloge par de Boze, que Dacier et Charles de Sévigné avaient pris pour juge de leur contestation le conseiller d’État de Harlay (Nicolas-Auguste, seigneur de Bonneuil voyez tome II, p. 434, fin de la note 2, et tome VU, p. 490). Suivant une autre tradition plus vraisemblable, la cause était soumise à l’arbitrage do l’avocat général Chrétien-François de Lamoignon. Sur cet ami de Boileau, ami et voisin de Mme de Sévigné, qui devint président à mortier en mars iGgS et mourut en août 1709, voyez tomes X, p. 564, note t IX, p. 348; VIII, p. 278. C’est cette seconde tradition qu’on a suivie dans l’édition de 1818, oit l’on a même substitué aux trois étoiles qui remplacent, dans l’impression de 169S, le nom de l’arbitre, celui de Lamoignon, de même qu’on a substitué aux initiales D** et S* les noms de Dacier et de Sévigné.

On peut voir, sur le passage d’Horace, le sentiment de Boileau dans le Bol&ana*, une lettre de Damarsais, datée du S août 1745, et imprimée d’abord dans le Mercure de France de janvier 1746, puis dans ses OEuvres {i797)i tome HT, p. 285-295 (voyez ci-après, p. 338, note i); un fragment d’une lettre de G. Prunelle à Sicard l’aîné, à la p. xxij du volume intitulé Remarques inédites du président Bouhier et autres sur quelques passages d’Horace, avec une lettre sur l’ixt poétique, publiées par G. Prunelle, Paris, Delance, 1807, in-8°; enfin et surtout le court et excellent commentaire d’Orelli. Il faut bien avouer, ce semble, que Charles de Sévigné, malgré « II s’en fant bien que M. Dacier écrive aussi agréablement que sa femme. M. Dacier est toujours sec et décisif. 11 croit avoir raison dans l’explication qu’il donne à ce passage d’Horace

Di/Jicile est proprie communia dicere;

cependant c’est un passage qui se doit entendre naturellement. Il est difficile, dit Horace, de traiter des sujets qui sont à la portée de tout le monde, d’une manière qui vous les rende propres, ce qui s’appelle s’approprier un sujet par le tour qu’on y donne. M. Despréaux prétendoit avoir trouvé la solution de ce passage dans Hermoçène, et disoit mille bonnes raisons pour l’appuyer qui ont échappé à ma mémoire. » \Bolxana, Amsterdam, 1742, p. g3 et 94.)